Les chirurgies de l’épilepsie
Pour savoir si une chirurgie est possible, l’équipe médicale tente d’abord de déterminer l’emplacement du « foyer épileptique » (zone où débutent les crises).
Une hospitalisation d’une durée de 5 à 15 jours dans une unité d’épilepsie sera alors nécessaire afin de localiser le foyer épileptique par l’enregistrement vidéo-encéphalographique de crises et autres tests complémentaires. Ultimement, ce séjour devrait permettre de savoir si une chirurgie est possible.
Si le foyer épileptique se trouve dans une zone cérébrale qui occupe des fonctions essentielles (ex. le langage), il ne pourra pas être retiré chirurgicalement. Si le foyer surplombe en partie une zone essentielle, la chirurgie ne visera pas la résection complète du foyer épileptique, mais plutôt une résection partielle pour interrompre les réseaux de neurones qui favorisent la propagation des crises.
Voyons quelles sont les chirurgies de l’épilepsie qui sont les plus souvent pratiquées au Québec.
La cortectomie
La cortectomie consiste à retirer en bloc la zone ou la portion du cortex cérébral qui est à l’origine des crises (résection).
Habituellement, la cortectomie se pratique chez les patients qui présentent des crises focales pharmacorésistantes pour lesquelles un foyer unique et loin d’une zone cérébrale essentielle a été identifié.
En raison de la nature focale des crises, il est nécessaire pour l’équipe médicale d’investiguer de manière approfondie pour délimiter le foyer épileptique.
Si la résection du foyer épileptique est jugée pertinente et qu’elle présente un risque minimal, le neurochirurgien pourra alors procéder à l’intervention.
La cortectomie vise surtout le contrôle complet des crises d’épilepsie. Suivant le succès de l’opération, un arrêt graduel des médicaments peut être envisagé sous la supervision du médecin traitant.
La lobectomie
La lobectomie implique le retrait partiel ou total d’un lobe du cerveau qui est affecté par l’épilepsie (résection).
La lobectomie temporale antérieure est celle qui est le plus souvent effectuée, car les épilepsies du lobe temporal sont de loin les plus fréquentes. Dans les deux ans suivant cette intervention, on constate un contrôle des crises chez environ 65 % des patients.
Tout dépendant de l’emplacement du foyer épileptique, la lobectomie sera plus ou moins étendue. Sa mise en œuvre pourra permettre un contrôle total ou partiel des crises réfractaires aux médicaments.
La lésionectomie
La lésionectomie est pratiquée dans les cas où l’épilepsie est attribuable à une lésion cérébrale (comme une tumeur) ou une malformation d’un des vaisseaux sanguins du cerveau.
Ce type de chirurgie vise à retirer partiellement le tissu ou l'organe problématique en préservant sa continuité (résection) et peut éventuellement permettre l’arrêt des crises. La lésionectomie s’avère efficace dans 70 à 90 % des cas.
La transsection sous-piale multiple
Cette méthode chirurgicale consiste à isoler le foyer épileptique en détruisant les réseaux de fibres nerveuses qui le relient à d’autres régions du cerveau.
Cette technique est privilégiée dans les zones cérébrales qui contribuent à alimenter le foyer épileptique, mais qui occupent des fonctions trop cruciales pour être retirées (la motricité ou le langage par exemple).
La transsection sous-piale peut être combinée à une cortectomie, une lobectomie ou une lésionectomie qui permettent de retirer une partie du ou des foyers épileptiques. Elle permet l’arrêt des crises chez environ 24 % des patients lorsqu’elle est pratiquée seule. Son taux de succès se situe aux alentours de 55 % lorsqu’elle est combinée à une forme de résection.
La callosotomie
La callosotomie repose sur une section totale ou plus souvent partielle du corps calleux, la structure qui relie les deux hémisphères du cerveau. Sa mise en pratique permet de scinder les réseaux de transmission qui propagent les décharges électriques d’un hémisphère cérébral à l’autre.
Sans viser un arrêt total des crises, cette intervention chirurgicale peut tout de même permettre de diminuer la fréquence et l’intensité de celles-ci. Ce type d’opération offre un meilleur contrôle des crises dans environ 80 % des cas.